Haut moyen-âge (ébauche)Aux époques des grandes invasions, la "trouée de Belfort" (ou "porte
de Bourgogne") a été, comme son nom le suggère, le lieu de
passage de nombreuses peuplades. Son peuplement entremèle des
origines gallo-romaines, franques, alémaniques et burgondes. Au milieu du XIème siècle, il se forme également dans cette trouée une petite entité qui servira un temps de tampon entre les 2 blocs : ses titulaires, qui seront comtes de Montbéliard et de Ferrette, sont issus des noblesses lotharingienne et bourguignone ; mais il est difficile de dire si la naissance de cette entité tient du hasard ou de la nécessité, de la conquète ou de la volonté impériale. |
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Comtés de Montbéliard et Ferrette
Renaud "de Bourgogne" accorde en 1307 à la ville de
Belfort une charte d'affranchissement, dotant les
bourgeois des droits de police et de justice, la franchise de
certaines taxes, et certaines possessions comme le bois du
Salbert. Ces franchises seront ultérieurement élargies. Auparavant
(1283), il avait accordé une charte similaire aux bourgeois de
Montbéliard [3]. Du côté de Ferrette, le fils de Frédéric II, Ulrich II, doit se résoudre en 1273 à céder ses biens à l'évèque de Bâle qui les lui rétrocède en fief (procédure courante à cette époque). Les branches de Montbéliard et de Ferrette s'uniront à nouveau en 1303 par le mariage de Jeanne ("de Montbéliard"), fille de Renaud, avec Ulrich III, arrière-petit-fils de Frédéric II. Suite à ce mariage se produira une complexe et importante redistribution des biens dynastiques : Renaud n'a "que" 4 filles (son seul fils est débile) susceptibles
d'hériter. Plusieurs partages auront donc lieu. Cette date marque la séparation définitive de Belfort et de Montbéliard. Mais Jeanne doit aussi veiller sur les biens (alsaciens) issus de
son mari. En 1347, elle partage définitivement ses biens patrimoniaux (dont Belfort) entre ses 4 filles et meurt en 1349. Dans les périodes suivantes, les entités au contact étant de plus en plus puissantes, l'opposition entre franco-bourguignons et allemands ne fera que s'exacerber et ses conséquences seront de plus en plus dramatiques.
Autres fiefs du secteur (ébauche) L'histoire des fiefs du sud du territoire diverge un peu de celle de la région qui deviendra plus tard le "comté de Belfort". La "métropole" du
Sud est Delle. Aux partage des
biens de Thierry I, l'avouerie de Delle revient à Thierry (II),
c'est à dire à la partie montbéliardaise [6,
mais la source primaire confirmant cette information n'est pas
identifiée]. Delle constitue donc une tête de pont des Habsbourg dans la région ; en 1303, la famille de Habsbourg fait réaliser un terrier (ou urbaire) de ses biens. On y relève que, de son implantation originelle en Suisse, elle a très tôt cherché à s'étendre en Alsace (cf. carte ci-dessous).
La seigneurie de Florimont connait également une trajectoire particulière : elle est propriété des comtes de Ferrette au moins depuis le XIIIème siècle [1]. |
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Période intermédiaireComme on le voit ci-dessus, le comté de Ferrette (et celui d'Altkirch) est passé aux mains de la famille de Habsbourg, déja fortement implantée en Alsace. Il n'en va pas de même d'Héricourt ni, théoriquement, de Belfort et de Grandvillars. Héricourt est revenu au partage de 1347 à Marguerite, fille de Jeanne de Montbéliard et de son 2nd mari, Rudolf Hesso, margrave de Bade. Le sort de Granvillars n'est pas documenté. Belfort est partagé entre Ursule (soeur de
Jeanne), épouse de Hugues comte de Hohenberg et Alix (ou
Adélaïde), dernière fille de Jeanne de Montbéliard, demi-soeur
de Jeanne de Ferrette, également mariée à un noble de la famille
de Bade. Il est certain que pendant la 2ème moitié du XIVème siècle, les descendants d'Albert d'Autriche et de Jeanne de Ferrette parviendront à racheter à ceux des deux soeurs leurs possessions belfortaines, mais aucun texte ne permet de connaître les détails de cette prise de possession. |
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La puissance habsbourgeoise à la fin du moyen-âgeLes Habsbourg Albrecht-Albert, comte de Ferrette, est le frère cadet des ducs
Rodolphe III, Frédéric I et Léopold I ; il deviendra duc
d'Autriche en 1330.
Albert est également l'ancêtre de toute la maison d'Autriche, ses frères n'ayant pas en de descendance. La famille de Habsbourg, originaire de Suisse, est alors
déja bien implantée en Alsace.
Les anciennes propriétés en Suisse, en Alsace, en Brisgau, en
Forêt Noire et en Souabe, augmentées des domaines acquis par
Albert et ses descendants en Alsace francophone deviennent alors
les "Pays antérieurs autrichiens" ou "Vorlande", lorsque le centre
de gravité des pays habsbourgeois fut devenu l'Autriche. L'Autriche antérieure A partir de 1400, donc, la plupart des terres de la région de
Belfort partagent le sort de l'Autriche antérieure. Mais beaucoup
sont (et resteront) inféodées à des familles locales (Florimont,
Grandvillars, Montreux, Roppe, Auxelles, pour ne citer que les
plus importantes seigneuries). Le domaine direct, lui, ici comme dans le reste des domaines
Habsbourg, est divisé en "bailliages" (en allemand "ämte", pluriel
de "amt"), dirigés par un "vogt" (bailli, châtelain), eux-mêmes
pouvant être divisés en mairies. Les biens de la famille de Habsbourg seront partagés de 1365 à 1457 entre ses diverses branches ; le duché d'Autriche relèvera de la branche aînée (Albertine) et la Vorlande de la branche cadette issue de Léopold III, 3ème fils d'Albert et Jeanne.
Le 2nd fils de Léopold III, Léopold IV, aura en charge la
Vorlande dés 1386 et épousera Catherine, fille du duc de Bourgogne
Philippe le Hardi. Léopold lui accorde en douaire des droits
importants sur le Sundgau et la région de Belfort.
Plus tard, du coté Habsbourg, c'est Frédéric III, un neveu de Léopold, qui rassemblera en 1457 la totalité des biens et titres de la famille (et celui d'empereur). Pour la plupart de ses possessions et de ses titres "excentrés" (par rapport à l'Autriche), l'archiduc délèguera néanmoins ses titres, souvent à un parent dont le rôle sera celui d'un régent (les textes l'appellent archiduc et altesse). |
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Fin du XVème et début du XVIème siècleLa famille de Habsbourg, malgré sa puissance, ou en contrepartie
de celle-ci, a toujours connu des problèmes de trésorerie. Il faut donc emprunter ; les ducs d'Autriche engagent,
contre une forte somme, leurs fiefs à des créanciers nobles qui en
perçoivent l'usufruit (servant d'intérêt audit prêt). Pierre de Morimont, d'une famille noble de Haute-Alsace,
est un soutien de l'archiduc d'Autriche à la fois militairement et
financièrement. Celui-ci est alors Albert VI, frère de l'empereur
Frédéric III, neveux de Léopold IV. A cette période, toutes les terres d'administration directes sont engagées. Mais ces engagements de fiefs ne résolvent pas les problèmes du
comte Sigismond (cousin et successeur d'Albert VI) : en 1469, il
doit engager la totalité de ses possessions alsaciennes à Charles
le Téméraire (fils de Jean sans Peur). Cette période troublée permettra néanmoins à l'administration
autrichienne de se structurer : A Belfort, la famille de Morimont (Pierre, son fils Gaspard, ses petit-fils Jean et Jean-Jacques I, le fils de ce dernier Jean-Jacques II) respectent les usages locaux et les avantages acquis par les communautés [2]. Gaspard et Jean-Jacques I auront bien d'autres activités que celles de seigneurs locaux : ils seront parmi les meilleurs soutiens politiques et militaires de la famille de Habsbourg. Jean-Jacques II en revanche connaîtra des difficultés avec les
bourgeois de Belfort et des problèmes financiers.
Autres domaines engagés : Rougemont La seigneurie de Rougemont est engagée pendant une très longue
période (1360-1609) à la famille de Habsbourg-Laufenbourg et à ses
successeurs, les comtes de Soulz. |
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Fin de la période autrichienne (ébauche)
En 1563, les Habsbourg décident de désengager leurs seigneuries (Belfort et Delle) en remboursant le montant du gage aux Morimont. Ils répondent en cela à la demande des habitants qui ne supportaient plus l'autoritarisme de Jean-Jacques II de Morimont. Ils géreront dés lors directement leurs terres, par l'intermédiaire de "hauts fonctionnaires" : la régence d'Ensisheim pour l'ensemble de leurs possessions alsaciennes, et, à Belfort, le grand bailli Jean Ulrich de Stadion, qui, jusqu'à sa mort en 1588, s'efforcera de structurer l'administration de son territoire. Le chef de la dynastie autrichienne étant empereur, les gouvernements, ou les régences des contrées lui appartenant sont répartis à des cadets qui reçoivent le titre d'archiduc.
Leopold V est l'un des seuls (et le dernier) souverain autrichien à visiter sa seigneurie belfortaine : en été 1624, sa visite à Belfort fait est à l'origine de quelques actes du Conseil des bourgeois de la ville. A ce moment, les troubles de la guerre de Trente Ans ont déjà débuté. |
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Guerre de Trente AnsLa guerre de 30 ans (1618-1648) est un conflit politico-religieux
qui a ravagé les terres du Saint Empire.
L'empereur Habsbourg doit supporter d'énormes frais militaires,
et n'a pour seule solution d'écraser d'impôts ses sujets et ses
villes. Les choses s'aggravent considérablement en 1632 : les suèdois,
victorieux de l'armée impériale, progressent vers le sud.
Mais les troupes espagnoles, qui sillonnent aussi la région
(pour le malheur des franc-comtois), reprennent la ville en
novembre de la même année. En mars 1634, retour des suédois.
A la fin de ce conflit, la région avait perdu au moins 60% de sa population. Certains, exilés, reviendront, mais la démographie mettra beaucoup de temps à se reconstituer. L'Alsace ne sera pas la seule région française à souffrir cruellement de cette guerre ; sous le nom de Guerre de 10 ans, elle sévira en Franche-Comté et aura des conséquences similaires sur la population. Enfin, le 28.6.1636, Belfort tombe définitivement dans les mains
du roi de France par la main de Louis de Champagne, mais le calme
ne revient qu'en 1640. |
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Période française (Ancien Régime) (ébauche)Depuis 1636, Belfort et sa région sont de facto rattachés à la France. Les traités de Westphalie et la réunion de l'Alsace à la France à la fin du XVIIème siècle La guerre de Trente Ans se termine en 1648 par les traités de Westphalie. Ces traités représentent une défaite historique pour les Habsbourg, qui ne sont désormais sur le déclin. Ils sont une victoire pour le roi de France, qui gagne les "Trois
évêchés" (Metz, Toul et Verdun), plus les terres et les titres des
Habsbourg sur la rive gauche du Rhin, soit le Sündgau et le titre
de Landgrave d'Alsace, plus la forteresse de Breisach sur la rive
droite.
Le statut d'une grande partie des territoires alsaciens avait été laissé (volontairement) dans le flou par les traités de Westphalie ; la suite des conflits franco-autrichiens vont permettre au roi de France d'en imposer l'interprétation la plus favorable pour lui. Plusieurs autres guerres, suivies de traités, allaient en effet
finir, en une 50aine d'années, par amener la totalité de l'Alsace
sous la souveraineté française : La guerre et la mort de Louis XIII en 1643 avaient fait entrer la
France dans une période de troubles appelée la Fronde. A cette
époque, le futur Louis XIV est mineur, sa mère la reine Anne
d'Autriche est régente du royaume et gouverne avec l'aide de son
ministre le cardinal Mazarin. A Belfort, le comte de la Suze se
joint au parti de la Fronde. En 1652, le roi, majeur, part à la
reconquête de son royaume. |
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La révolution (ébauche) |
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Belfort sous-préfecture du Haut-Rhin (ébauche)1789, la Révolution est en marche et le 30 décembre se décide la division de la province d'Alsace en deux départements ; elle est tracée d'après le partage qui, à la période carolingienne, sépare le Nordgau du Sundgau (cf carte "Alsaciae Francicae ducatus"). Des districts sont créés dans chacun des départements et à l'intérieur de ceux-ci sont découpés des cantons. Belfort devient chef-lieu d'un des districts du nouveau département du Haut-Rhin composé de 7 cantons (Belfort, Giromagny, Delle, Masevaux, Thann, Cernay et Dannemarie) ; en 1791 y sont ajoutés les cantons de Fontaine et de Saint-Amarin.En 1800, Belfort devient chef-lieu d'arrondissement, avec les 9 cantons issus de l'ancien district, et sous-préfecture du Haut-Rhin. |
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La guerre de 1870 et la création du Territoire de BelfortA l'issue du conflit, la France ayant perdu la guerre contre l'Allemagne prussienne, l'arrondissement de Belfort est annexé dans sa quasi-totalité au IIème Reich avec le reste de l'Alsace et le nord de la Lorraine. Grâce à l'héroïsme du colonel Denfert-Rochereau, des défenseurs et des habitants de la ville de Belfort, Thiers obtient, à la signature du Traité de paix franco-allemand de Francfort-sur-le-Main le 10 mai 1871, après de longues tractations avec Bismarck, que Belfort reste française ; de même, que la frontière entre les deux pays soit finalement placée sur le seuil de Valdieu où coïncident à peu près, la ligne de partage des eaux entre le Rhin et le Rhône et la limite entre les langues alémanique et romande. Ce lambeau d'Alsace, appelé territoire de Belfort / Haut-Rhin, est pourvu pendant 50 ans d'un statut administratif provisoire dans l'attente du retour des provinces perdues. Après la 1ère guerre mondiale, il n'est néanmoins pas ré-incorporé au Haut-Rhin et devient, le 11 mars 1922, un département à part entière (le 90ème), sous le nom de Territoire-de-Belfort. |
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[1] FIETIER, R La région de Belfort à la fin du moyen âge Mémoire de D.E.S., Faculté des Lettres de Besançon, octobre 1957, 424p, dactylogr. [2] (collectif) Dictionnaire biographique du Territoire de Belfort Société belfortaine d'émulation, 2001 [3] BISCHOFF / PAGNOT Belfort 1307-2007 Ed. Coprur [4] POULL, G La Maison souveraine et ducale de Bar Presses universitaires de Nancy, 1994 [5] Aubry des Trois-Fontaines Chronica Albrici Monachi Trium Fontium [6] DANIEL-FELTIN, C La vie économique et sociale dans la seigneurie de Delle sous l'administration des Mazarin [7] DATTLER, P Le comté de Belfort 1659-1791 Th. 3ème cycle, 1984 |
Histoire de la région de Belfort
Par LISA