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Contrairement au compte CC5/3, ceux-ci nous sont parvenus dans leur intégralité. Leur datation, de même que l'enveloppe du budget communal, ne posent pas de problème.
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1548 Compte que rendt Jehan Haye (...) |
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(1542) Compte de honorable homme Je(han) Perrin Hernemant maistre bourgeois (...) |
Nous les étudions ici dans l'ordre de notre dépouillement.
Compte CC5/2 (1548-1549)
L'intitulation indique bien la période concernée :
Pour confirmation, on peut utiliser une date fournie à la page 63 :
Le calendrier julien valide bien le 16 avril 1549 comme un mardi.
Le compte communal CC5/2 porte donc sur la période allant du 24 juin 1548 au 24 juin 1549.
Selon les usages archivistiques, la clôture du compte datant le document, il devrait donc être mentionné CC5/2 : 1549 (et non 1548).
En cette année de compte, les bourgeois se sont choisis pour maître bourgeois Jean Haye et comme maître du commun Pierre Pequegnat, qui succèdent respectivement à Martin Kolb et Servois Keller, auxquels les salaires sont versés en début du chapitre des dépenses.
Jean Haye est marchand ; vers 1556, il sera nommé prévôt seigneurial.
Compte CC5/1 (1542-1543)
Bien qu'un peu dégradée, la page d'intitulation nous fournit bien l'année du compte
Et l'année 1542 est portée en chiffres, tandis que la conclusion du compte explicitement dressée en l'an mil cinq centz quarante et trois.
Le nom du maître bourgeois, Perrin Hernemant (Hennement) est bien visible dans l'intitulation, mais celui du maître du commun, Morant Bou... est tronqué. Malheureusement, il est toujours appelé par son seul prénom dans le corpus du cahier. Il apparaît toutefois dans les recettes un Morand Boulleret, contrevenant, et c'est le seul Morand reçu bourgeois au XVIè siècle.
Cadre historique
On peut se reporter à notre article sur le compte CC5/3 pour les éléments de fond de ce cadre.
Ces années 1540 ne sont pas particulièrement marquantes au plan général. L'empire est toujours mobilisé dans sa lutte contre les turcs. Cette question apparaît dans l'année 1542, par la levée de l'impôt appelé "aide du Turc", voire simplement "le Turc" (décembre 1542, dernier paiement) :
... paiement du turck ...
Le conflit avec le roi de France, qui concerne plus directement les belfortains (et les comtois), est latent ; une alerte, sous forme d'une montre d'arme, et de la désignation d'un petit contingent, intervient entre août et octobre 1542.
1548-1549 (CC5/2) |
1542-1543 (CC5/1) |
Le total des recettes n'est pas clairement spécifié, mais, comme on le verra, le compte est bénéficiaire, et si on ajoute le montant des dépenses et le solde, ainsi qu'ils sont actés à la page 97 du document, on obtient un montant de 811 livres et 3 sols.
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Dans ce compte, les totaux des recettes sont mentionnés, mais ils sont inexacts. Si on additionne article par article, on obtient 764 livres 7 sols et 11 deniers. |
Ces recettes se ventilent ainsi :
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Les postes de recettes les plus importants sont :
Les autres postes de recette sont tous inférieurs à 10 livres. |
La répartition des postes est très proche de celle du compte CC5/2, hormis ceux-ci :
Le poste principal (572 livres, soit 75% des recettes) est clairement désigné comme l'ensemble des profits de la vente du vin, sur les 4 quarts d'an. Au titre des censes, on voit apparaître celles possédées par la ville à Menoncourt ; on en trouve les déclarations en 1436, 1456 et 1457 sur le BB1, à la page 145. |
Les amendes, en particulier, à cette période, sont peu nombreuses, et ne représentent qu'une faible part des recettes (environ 4%). Elles se répartissent comme suit :
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La majorité (23 amendes sur 78), d'un montant ordinairement fixé à 8 sols, mais variant de 6 sols à 3 livres dans des situations particulières, concerne les coupes illégales de bois dans la forêt du Salbert. Sont également sanctionnés le fait de tirer son arme contre autrui (voir dans l'article FF1/7 l'affaire de l'agression du portier), de jeter des ordures (jectun) hors des lieux autorisés, de faire des pains trop petits (boulangers), d'avoir déambulé dans la rue de nuit sans chandelle (une amende de 20 sols), d'avoir blasphémé en jouant sous le tillot pendant que l'on chantait vêpres (4 amendes de 4 sols), d'avoir porté une chandelle non munie de lanterne dans l'étable, et enfin pour avoir fait coucher son serviteur hors de la ville oultre les ordonnances et commandemens de messieurs. |
Les taxes sont presque toutes infligées par les banvarts. Elles sont supérieures en nombre : 91 (dont 31 infligées dans les bois), mais inférieures en total : 29 livres et 14 sols. Leurs montants sont fixes :
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Les rentalles et bourgeoisies
Une rentalle est une taxe payée par les bourgeois nouvellement mariés ; en tant que taxe touchant exclusivement les bourgeois, elles sont regroupées dans un chapitre avec les droits de bourgeoisie. C'est l'occasion de savoir qui sont les bourgeois mariés entre le 24 juin 1548 / 1542 et le 24 juin 1549 / 1543. Mais rien sur la date précise (qui, de toutes manières correspondrait au versement de la taxe, et non au mariage), et encore moins sur le conjoint.
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1548-1549 (CC5/2) |
1542-1543 (CC5/1) |
Le montant des dépenses est de 730 livres 12 sols et 1 denier ; et le solde de 80 livres, 10 sols et 11 deniers (ce qui conduit au total annoncé au paragraphe précédent). Notons à ce propos une certaine ambiguïté, valables pour tous les comptes : les 80 livres de solde sont réputées dues par le maître-bourgeois : ... ledit maistre bourgeois est demeurez à debvoir de reste, pour plus avoir receu que missionner, le pris et somme de quatre vingt libvres dix solz unze deniers...
Cette présentation comptable laisse penser que le maître bourgeois détient (matériellement) le compte de la ville. Mais cette interprétation est contradictoire avec la formulation de la plupart des dépenses (les autres étant des reprises débutant par item delivrer) : Quiert ledict maistre bourgeois luy estre passéez treze libvres deulx solz six deniers qu'il a delivrer à ...
On peut donc penser que, pour des raisons pratiques, le "trésor" de la ville est à la garde du maître bourgeois (qui en fait une gestion séparée ou non de ses propres biens), et que, pour respecter les formes d'usage, une demande de principe au conseil est inscrite aux comptes, pour chaque dépense. |
Le montant des dépenses (missions), tel qu'il figure sur la dernière page du cahier, est de 556 livres, 3 sols et 6 deniers. Comme pour l'autre compte, le solde est dû par le maître bourgeois : Par ainssy restet et demeure ledit mre bourgeois à la ville,
pour plus avoir receu que missionés, pour ce deux cens trente six livres six sols six deniers balois, comtés et passés par maistre bourgeois et conseil, mesmes la plus grant et s... parties de la commune etc. l'an mil cinq centz quarante et trois. Nous n'avons pas trouvé, pour l'instant, d'acte signalant le remboursement par un maître bourgeois à la ville d'une dette de cette nature (ou inversement). Il est clair qu'on est loin d'une comptabilité structurée.
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Nous avons réparti les dépenses en 7 catégories :
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Les catégories "prestations" et "achats" sont les plus importantes, ce qui correspond aux nombreux travaux entrepris par la ville ; cf. le paragraphe Actions notables de la ville / CC5/2. Voir ci-dessous pour les "salaires et gratifications".
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Dans ce compte, la catégorie "voyages et messagers" occupe une place conséquente. Nous verrons dans le paragraphe Actions notables de la ville / CC5/1 les événements qui peuvent l'expliquer. Les "prestations" et "achats" occupent une part plus modeste. Peu de travaux importants au cours de cette période. Voir ci-dessous pour les "salaires et gratifications". |
La catégorie "dépenses de bouche" est encore moins transparente que dans les comptes postérieurs, en dehors du repas inaugural du conseil (35 livres). Il s'agit en général de dépenses rédigées de la manière suivante : Item despendu par maistre bourgeois, conseil et (...) après estre esté (...)
L'objet de la dépense n'est pas clairement exprimé ; nous l'avons logiquement assimilée à celles, plus explicites, des comptes ultérieurs, où des repas étaient pris par les mêmes types de personnes, dans des circonstances comparables. Les montants sont aussi plus mesurés : elles ne dépassent 2 livres qu'à 3 reprises. |
Les "dépenses de bouche" sont particulièrement importantes dans ce compte. Les "ordres du jour" de ces "repas de travail" ne sont pas toujours très explicites, mais les mêmes affaires qui ont conduit aux divers voyages ont aussi nécessité de nombreuses discussions pendant lesquelles "messieurs" ont dû se sustenter... On a compté 46 de ces événements, lors desquels la dépense moyenne est de 2 livres et 7 sols. Leur grand nombre est aussi un reflet des actions de la ville Trois repas dépassent largement cette moyenne : |
Les censes dues par la ville sont d'un montant modeste, sauf la première :
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La grosse cense de 25 livres n'apparaît pas dans ce compte. Idem pour celle de 46 sols pour l'étuve. Il s'agit donc probablement de dettes contractées entre 1543 et 1548. Les 30 sols de cire dues à Monsieur sont bien versées, alors qu'on trouve deux versements de 23 sols pour les grandes et petites toises des maisons de la ville, dues au chapelain de Montreux.
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Au chapitre divers, nous trouvons les paiements concernant :
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Nous avons rangé dans ce chapitre des dépenses du même type que ci-contre. S'y ajoute une dépense de nature inhabituelle : un cadeau de deux écus d'or à Monsr. Frantz (cf. Les seigneurs engagistes) lors du baptême d'un enfant. On a également inscrit dans ce chapitre une dépense relative à un événement particulier, sur lequel nous reviendrons plus loin.
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Les salaires et gages annuels, non comprises les gratifications occasionnelles :
1548-1549 (CC5/2) | 1542-1543 (CC5/1) | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Versés en début d'année :
Versés en fin d'année :
On note que les émoluments des notables ne sont pas supérieurs à ceux des serviteurs ; mais il faut rappeler que les premiers ont d'autres sources de revenus, et que le salaire n'est pas le seul avantage de la charge.
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Le versement de ces émoluments n'est pas daté, et la période de référence pas toujours indiquée.
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De 1450 à 1563, la seigneurie de Belfort, ainsi que celles de Delle, Rosemont, Angeot et Issenheim, sont engagées par la famille de Habsbourg aux barons de Morimont.
Certains actes de compte faisant apparaître ces seigneurs engagistes (particulièrement dans le CC5/1), il nous paraît utile d'apporter quelques précisions à leur sujet.
Les prérogatives des titulaires de cet engagement sont à la fois financières et administratives. Elles ont fait l'objet de litiges avec les bourgeois de Belfort, qui ont parfois pu profiter de la bienveillance de l'empereur.
Toujours est-il que le seigneur engagiste exerce un pouvoir direct et proche (il réside souvent à Belfort) sur la ville et la terre.
Le premier d'entre eux est Pierre (Petermann von Mörsperg), en 1450. Son fils Gaspard lui succède vers 1476. Gaspard s'est marié 3 fois et a eu plusieurs fils. Il décède en 1511, et ses droits semblent avoir été partagés entre deux de ses fils, Jean (†1528) et Jean-Jacques I (†1533). Jean administre Belfort jusqu'à son décès.
Les comptes que nous étudions ici correspondent donc à la quatrième génération des engagistes ; ce sera d'ailleurs la dernière, car les Habsbourg rachèteront leurs seigneuries en 1563.
Qui, dans les années 1540-1550, sont précisément les seigneurs engagistes à Belfort ?
Généalogie simplifiée des Morimont de Belfort | ![]() Portrait de Jean-Jacques I de Morimont et Belfort, copie ancienne d’après l’œuvre de Hans Baldung au Staatsmuseum de Stuttgart (1525). Collection du musée d'art et d'Histoire de Belfort
Acquis par la S.B.E grâce au concours de Jules Bornèque et à l'intervention de M. Péquignot.
Le baron Jean-Jacques Ier de Morimont (vers 1479 – vers 1533) est un administrateur impérial de Belfort, ayant participé personnellement au rétablissement de l’ordre, à l’issue de la Guerre des Paysans. Il rentre en possession de la seigneurie de Belfort en 1528, lorsque son frère Jean (Hans) de Morimont décède. Celui-ci avait vraisemblablement accueilli le peintre Mathis Grunewald en 1523-1524. Ce tableau est une copie ancienne de l’œuvre de Hans Baldung Grien réalisée en 1525. Ce modèle a été anciennement attribué à Hans Holbein le Jeune. (notice du Service Musées - Mairie de Belfort) |
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Dans son Dictionnaire biographique du Territoire de Belfort, la SBE indique que Jean-Jacques I entre en possession de la seigneurie de Belfort en 1528, à la mort de son frère, et ne mentionne à sa suite que son fils Jean-Jacques comme engagiste.
Dans nos comptes, les Morimont apparaissent de trois manières :
- soit (uniquement dans les CC5/3 et 4) par leur nom complet : Henry de Morimont (ne réside pas à Belfort, une occurrence), et Frantz / François de Morimont (4 fois, en 1553 et 1555),- soit par un simple prénom : Monsr. Frantz, Frances ou plus tard François,
- soit seulement par la civilité "sa grâce Monsr.", ou plutôt "la grâce de Monsr." (5 actes).
Le seul nommément désigné est donc Frantz / François de Morimont.
• François de Morimont
Il apparaît particulièrement en 1543, à l'occasion du baptême d'un enfant. Son épouse est alors probablement Barbe de Ferrette.
Plus tard, en 1555 (CC5/4), il obtient des excuses des bourgeois, en relation avec un remariage :
À cette époque, il paraît bien avoir un pôle d'activités en dehors de Belfort. Il est cependant encore bien attaché à la ville, où il possède toujours une maison.
Les informations le concernant, dans les archives ou les ouvrages, sont assez disparates ; les AD 68 conservent plusieurs lettres dont il est l'auteur, dont une de 1534 (108J 16/29) où il réclame la saisie des revenus des seigneuries dont sa famille est engagiste jusqu'à ce que soit payée à lui, à son frère et à sa sœur, la somme de 10 945 florins que Jean-Jacques (I) de Morimont s'était engagé en 1533 à leur verser, et jusqu'à ce que leur soient restitués leurs revenus dans la seigneurie de Belfort dont le cousin (Jean-Jacques II) s'était emparé indûment.
Une source concernant la famille de Niedbrück mentionne le mariage, au 10 août 1554, à Hornberg (Bade-Würtemberg), de Juliana von Niedbrück avec Freiherr Franz Friedrich von Mörsperg und Beffort (le baron François Frédéric de Morimont et Belfort), de même qu'une vente d'immeuble à Metz en 1562 par la même Juliana.
La SBE indique seulement qu'il est "bailli wurtembergeois de la Forêt-Noire".
Il apparaît donc que François, qu'il ait ou non recouvré des revenus seigneuriaux, n'exerce pas de rôle officiel à Belfort, le gouvernement de la seigneurie étant passé de son père à son oncle, qui l'a dédommagé par la somme de 10945 florins alors qu'il la transmettait à son propre fils.
La désignation "Monsr." ne concerne François que quand est mentionné le prénom Frantz (5), et, sinon (en général précédé de "la grâce de"), désigne Jean-Jacques, qui est seul à la tête de la seigneurie.
• Jean-Jacques II de Morimont
Voir ci-après et dans l'article FF1/7 les affaires opposant "sa grâce" et la ville.
À noter que dans les textes originaux de cette époque, les Morimont (lorsque leur nom apparaît), que ce soit Frantz ou Jean-Jacques sont désignés par "baron de Morimont et Belfort" : Fryherr zu Mörsperg und Beffort.
En détaillant les actions entreprises par le conseil de la ville, telles qu'elles apparaissent, successivement, dans le CC5/2 et le CC5/1 (souvent à travers les justificatifs de dépenses de bouche), nous tentons de découvrir ce qui a dominé les préoccupations du moment, au niveau du "gouvernement" de la ville.
En 1548-1549, une situation plutôt calme permet aux bourgeois de consacrer de l'argent, et du temps, à des travaux d'une certaine ampleur dans la ville.
6 ans plus tôt, même si la situation extérieure n'est pas vraiment menaçante, comme on l'a écrit plus haut, les comptes laissent transparaître le conflit entre la ville et le seigneur engagiste. Les bourgeois consacreront du temps, et de nombreuses démarches, à essayer de conserver ce qui est vu comme le trésor de la ville : ses franchises.
L'essentiel des actions entreprises par la ville est relatif à des constructions ou réparations de biens communaux. Les travaux à la clef peuvent donner lieu à deux types de rémunération des "prestataires" :
- travaux réalisés par une main d’œuvre non spécialisée, rétribuée à la tâche ; ils constituent la grande majorité. Certains de ces travaux peuvent être réalisés dans le cadre des corvées dues par tous les habitants à la ville, en vertu des privilèges que lui confère ses franchises. Dans ce cas, il leur est souvent attribué une gratification sous forme d'une pinte de vin...
- les travaux les plus importants, relevant de projets nécessitant de faire appel à des artisans plus spécialisés, avec lesquels un marché (marchandie) est passé (plaidé), passassions suivies souvent, en faveur des parties qui l'ont conclue, d'une petite collation, nécessitant une dépense ("de bouche") ; comme aucune avance n'est remise à l'artisan, c'est seulement grâce à cet usage que nous pouvons en trouver la trace dans les archives... Les artisans sont parfois non belfortains, comme ce Jehan Grostgirardt, dit de "Bache". Dans la réalisation des travaux, ces "maîtres" font appel aux tâcherons du point précédent.
Travaux sur les fontaines
Les travaux sur les fontaines sont une constante dans les comptes communaux, de sorte qu'un chapitre spécifique leur est consacré. En plus de la main d’œuvre habituelle peu spécialisée (travaux de terrassement pour l'essentiel), il est fait appel à un fontainier, en l'occurrence Jean Joly (que l'on retrouve dans le CC5/1), pour un des quarts d'an.
La tuyauterie métallique ou en terre cuite paraît inusitée à Belfort au XVIème siècle. Les conduites destinées à mener l'eau, partant d'une source indéterminée (la rivière, l'étang de Raitenans ?), dans les fontaines de la ville où les habitants s'approvisionnent, sont en bois, et toujours appelées cors.
Une des activités les plus délicates consiste à évider des rondins rectilignes de bois (les parsser ou les pertuiser) pour en faire ces cors de fontaine : on utilise pour cela une sorte de tarière appelé environ, ou cuillié lorsqu'elle est en forme de gouge. On peut trouver ici une illustration plausible de l'objet, et là un bel exemple de reconstitution du travail de fabrication des cors.
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Tarière en forme de gouge, utilisée ici par un charron ; celle des fontainiers avait un manche beaucoup plus long (Amman, Jost, der Wagner, via Wikipedia Commons) |
Une loge (louge) est consacrée aux cors de fontaine (la louge des cors), et servait probablement à abriter les artisans chargés de leur perçage.
Une sorte de ciseau à bois appelé escharpe est également en usage.
Une fois évidés, les cors doivent être installés, après terrassements, et raccordés entre eux. Pour cela, il était utilisé des cercles métalliques, sorte de viroles appelés vierres ou vires ; ils pouvait être nécessaire de les renforcer d'un autre cercle métallique, du même type que ceux utilisés pour les tonneaux, désigné par le terme soicle ou soigle.
Il est souvent utile de descouvrir les cors pour les réparer ou remplacer.
Au total, les achats de matériels et les dépenses de main d’œuvre consacrés aux fontaines se montent à environ 105 livres, soit 22% du total des postes "prestations" et "achats".
Travaux sur les murailles
Des travaux sur les murailles (à la charge de la ville, et non de la seigneurie, qui ne s'occupe que du château) transparaissent dans plus de 30 articles de dépenses. Ils sont répartis ici dans au moins deux groupes spécifiques, rarement datés, et il est difficile de déterminer de combien de chantiers il s'agit, et encore plus de les situer.
Le premier groupe d'articles, bien que non daté, apparaît dans une chronologie située en août-septembre 1548.
Dans le premier d'entre eux, des tâcherons sont payés pour tirer les quartiers pour reffaire les murailles de la ville (30 sols) ; dans le second, le conseil et autres de la commune s'accordent une petite gratification (cf. dépenses de bouche) après avoir mesuré les quartiers de quoy l'on a reffaict les muralles de la ville qu'estoient tombez.
Il est probable que l'un des marchés passés avec l'artisan que l'on retrouve chargé ci-après des travaux de construction en cette période, Moingin Fringans, soit celui qui apparaît dans un article (p. 39), pas très explicite :
Aussitôt après, d'ailleurs, il est question (pour 4 livres et 13 sols) de 5 tâcherons ayant fait les fondemens des murailles de la ville.
Il s'ensuit une quinzaine d'articles portant sur l'acheminement de quartiers de pierres par divers tâcherons. De même, il est attribué 2 livres et 15 sols à Jean De Perdieu pour avoir amené 54 charrées de sables depuis le point d'Offemont pour la neufve murailles.
Plus tard (on se situe à la fin septembre), les travaux achevés, le maçon Moingin Fringans est payé 21 livres :
Mais la totalité de la facture n'est pas soldée, car, à la fin du chapitre des dépenses ordinaires (page 71), on retrouve un paiement au même Moingin Fringans, sur la marchandie que [Messieurs] luy ont plaider à faire, assavoir de fondez les muralles de la ville de cartiers : 32 livres.
On ne sait de combien de sections de muraille on été reconstruites dans ce premier groupe d'articles : les murailles qu'estoient tombez, la neufve muraille du fossez, la muraille derrière la maison du conduit...
Le second groupe d'articles, cette fois en fin de période, se rapporte nettement à un autre chantier ; il débute en effet par une passassion de marché, cette fois datée du 2 juin 1549 :
Il ne s'agit plus ici de construire ou restaurer une muraille mais d'en rehausser une. Il s'ensuit trois articles liés avec certitude à ce marché :
- acheminement de quartiers de pierre (3 articles à la page 66),
- acheminements de beuliers (2) pour haulsser les murailles de la ville,
- réalisation des travaux par lesdits artisans Grostgirardt et Girardat, missionnés sus la marchandie qu'ils ont faict avec Messieurs de haulsser les murailles de la ville (page 72)
Vers la fin du chapitre "dépenses ordinaires", un dernier groupe d'articles de dépenses consacrées aux murailles "neuves" apparaît, sans qu'ils soit possible de savoir s'il s'agit d'un nouveau chantier, ou de paiements différés des premiers :
Dans le 3ème de ces articles, une précision pourrait avoir son importance : les pierres sont amenées jeusques près la neufve muralles du(dict) fousséez. Elle rejoint le marché passé à la page 39 du premier groupe.
Pour le tout, ces travaux ont coûté à la ville 113 livres, soit 23% du total des postes "prestations" et "achats".
Réfection de la voûte de la tour neuve
Il s'agit cette fois d'un chantier encore plus technique nécessitant l'appel à plusieurs artisans spécialisés : on retrouvera Grosgirardt, mais surtout un maçon probablement non belfortain : Jean le Masson. Le chantier nécessitera aussi l'intervention d'un charpentier.
Il révèle la construction d'une tour sur les fortifications de la ville, en l'an 1548. Il serait particulièrement intéressant d'en identifier la position...
Un premier ensemble de dépenses concerne l'acheminement de divers matériels et matériaux près de la tour neuve. Le premier d'entre eux (page 32, juillet 1548) décrit clairement le projet :
Les pendants sont des "claveaux de pierre en forme de portion de couronne, employés pour la construction d'une voûte" (4). La pierriere sus le vyeulx bourg est une carrière de pierre au dessus d'un ancien quartier d'habitation (le Vieux Bourg) que les historiens situent au nord et dans le prolongement du château.
Il s'ensuivra la livraison de matériaux courants : sable (jeusques près la neufve tour, p. 37), lavons (planches, pour faire les sintre de la neufve tour, p. 39), pierres (jeusques près la neufve tour, p. 40).
D'autres sont moins attendus :
... dix neufz bechie d'huille pour parfaire le symandt de la neufve tour (août 1548, p. 35)
... achet d'oeufffz (œufs) pour faire le symandt de la neufve tour, puis de deulx quartes de palles (paille ?) de fer (août 1548, p. 38).
Ces divers ingrédients étaient ajoutés à la chaux pour améliorer le liant et la solidité du ciment.
Certains enfin sont moins faciles à identifier :
... des beullies pour faire les crannez de la neufve tour (juillet 1548, p. 31) : les beullies sont probablement des pièces de bois utilisées pour les échafaudages, et les crannez des sortes de grues, des appareils servant à soulever les fardeaux.
... des crosses au chesal de la Grande Jehanne, près la neufve tour (même page) ; le sens du mot crosse dans cette occurrence n'est pas clair.
Viennent ensuite les constructions :
... à Perrin Dormois pour six journées qu'il ont faict luy et son serviteur assavoir quatre journées en faissant les sintre (cintres) de la neufve tour ... 24 sols (août 1548, p. 37)
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Cintre pour la construction d'une voûte (Mossot, via Wikipedia, licence Creative Commons) |
En septembre, un article porte sur l'ensemble des travaux de la neufve tour (p. 43) :
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Quiert ledict mre bourgeois luy estre passéez douze libvres qu'il a delivrer à Mre Jehan le Masson. C'est assavoir pour avoir parachever et faicts la neufve tour oultre et par dessus vingt et trois libvres que le precedans mre bourgeois luy avoit delivrer ; pour ce icy :: 12 libvres. |
Et l'article suivant ajoute : |
Quiert encoires luy estre passéez cinq libvres qu'il a delivrer audict Mre Jehan d'avoir par icelluy faicts deulx portes en ladicte neufve tour que aussi d'avoir relevez la vostes de ladicte tour qu'estoit desfocher par le feug, non comprins ceste somme aux douze libvres precedantes ; pour ce icy :: 5 libvres |
On sait à présent que le marché pour cette construction a été passé lors de la précédente année de compte (non conservé) ; on en connaît le principal artisan, et la somme totale qui lui a été versée (40 livres).
On apprend également, même si le sens du verbe desfocher nous échappe, que la partie sommitale de la tour, voûtée, avait été détruite par le feu.
Une dernière étape de construction : (... achat de) un cent et demi de tielles pour couvrir les kranneaulx de ladicte tour (6 sols)
Par ailleurs, vers avril ou mai 1549, un artisan déjà rencontré sur le chantier des murailles, Jean Grostgirardt, percevra 3 livres et 15 sols pour avoir par icelluy refferu la neufve tout près le chesal la Grandt Jehanne (p. 65).
Un élément qui pourrait être pertinent dans ces articles est que la "neuve tour" est localisée avec précision : à côté du "chesal de la Grande Jeanne" (un chesal est un emplacement de maison, ou éventuellement une maison ruinée). Sauf que, bien entendu, on ignore tout de la position de ce chesal...
En tout état de cause, vers novembre, un homme de Chalonvillars est rétribué pour vider la partie du chesal de la Grandt Jehanne qu'est à la ville (p 50). Il n'est pas interdit de penser qu'on lui a demandé de débarrasser les gravats restant de la reconstruction de la tour neuve.
Fabrication de chaux au chaufour ès Costes
Si on se fie au nombre d'articles de dépense que y sont consacrés, il semble que les activités autour du chaufour (four à chaux) situé "ès Costes", aient été supérieures à la moyenne. Peut-être en lien avec les travaux ci-dessus d'ailleurs.
Rappelons à cette occasion qu'un four à chaux traditionnel est une construction plus ou moins enterrée, constituée d'un foyer que l'on surmonte d'un amoncellement de pierres calcaires. Un feu était entretenu à haute température (1000°C) dans le foyer pendant plusieurs jours, afin de transformer le carbonate de calcium constituant les pierres calcaires en chaux vive (oxyde de calcium), que l'on "éteignait" ensuite en l'arrosant d'eau. La chaux (éteinte) ainsi obtenue pouvait servir à fabriquer un ciment.
Il est d'abord mentionné (p. 26) que la ville a racheté des lavons à un intermédiaire qui les avait achetés de ceulx que firent le chaulffourc ès Costes.
2 actes plus loin, il est question de trente et une personnes, tant charretton que aultres, qui sont allées ès Costes vers le chaulffourq couper du bois, à qui on a délivré chacun une pinte de vin, qui n'avait pas été payées par le précédent maître bourgeois.
Il s'est donc agi, lors de la précédente année de compte, de faire approvisionner le four à chaux en bois coupé à proximité (une grande quantité était nécessaire pour entretenir une température élevée).
Un article de la page 28 :
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Quiert ledict mre bourgeois luy estre passéez la somme de quarrente une libvres trois solz neufz deniers qu'il a delivrer à Me Jehan et à Mre Guillaume pour achet de chaulx oultre et par dessus les cinquante livres que le precedans mre bourgeois luy avoit prester (...) |
Il est donc confirmé que les chaufourniers Jean et Guillaume ont terminé leur travail à ce stade. La quantité produite est importante : elle a été payée 91 livres ; son volume est mesuré 2 articles plus loin, et précisé juste après : 237 bichots et neuf quartes ; qui sont transportées par plusieurs bourgeois ou habitants oultre et par dessus les courvées, rémunérés 11 livres 17 sols et 9 deniers, ce qui correspond à 1 sol le bichot. Un peu plus loin (p. 30), on rétribue deux hommes qui ont chargé la chaux, on donne du vin à ceux qui ont charrié la chaux dans le cadre de leurs corvées (), on paie le maître du commun qui a aidé à décharger et mesurer la chaux. Enfin on paie deux hommes qui ont passé 5 jours à nettoyer les parties (?) du chauffour, et un chappuis (charpentier) qui a l'a recouvert.
À quelle quantité ces 237 bichots correspondent-ils ? Il est réellement impossible de le dire : toute estimation produite par un auteur est à la fois très incertaine, et très locale. On n'a pas le nombre de charrettes utilisées, mais on note, toujours à la page 28, qu'il faut 3 journées à un homme pour amonceler cette chaux au chesal "le Grand Louis". Il s'agit donc clairement d'une acquisition préparant des travaux de maçonnerie d'ampleur, même si la localisation de son entreposage ne permet pas de l'associer directement ni avec les murailles, ni avec la neuve tour.
Il semble bien par ailleurs que le four, nouvellement construit, d'après le premier article mentionné ci-dessus, est propriété de la ville, puisqu'on le nettoie et le recouvre à ses frais, et que seule l'opération (là encore technique) de cuisson est confiée à des artisans, bien rétribués. La chaux doit être de bonne qualité !
À noter que la quantité produite devait être un peu excessive car, au chapitre des recettes, comme on l'a vu au paragraphe 1-1, vers le mois d'août, la ville en revend environ 46 bichots.
Réfection du pont d'Offemont
En juillet 1548 (on y a décidément entrepris de nombreux chantiers), le conseil, s'attribue une petite collation après avoir marchander à reffaire le pondt d'Offemont ; cependant, aucun artisan n'est cité (p. 32).
Dans la foulée, deux articles évoquent l'acheminement de pierres jusqu'à ce pont, et le paiement à Moingin Fringans de 2 livres pour dix journéez qu'il a faict en faisant les pilles de pierres pour assieger (asseoir) le pondt d'Offemont.
Si les assises du pont sont en pierre, le pont devait être en bois, car, en août, c'est Nicolas le Chappuis qui reçoit 10 livres d'avoir par icelluy reffaict le pondt d'Offemont qu'estoit aller le contreva de l'eaue, et que l'on dépensa 3 livres tant pour ceulx que ce misrent en l'eaue en levant ledict pondt d'Offemont que pour aultres que l'on donna des pintes de vin.
Pont levis à la porte de la halle
Au cours de cette année de compte, des travaux sont entrepris concernant un pont levis (pondt leveulx) à la porte de la halle, sans qu'il soit vraiment possible d'en estimer l'ampleur.
Vers novembre 1348, un article de compte indique simplement que Perrin Dormois (menuisier charpentier qui est fréquemment employé par la ville en ce milieu du XVIème siècle) et son compagnon Nicolas Chappuis reçoivent 2 livres et 10 sols pour avoir par iceulx faicts un pondt leveulx à la porte de la halle alors que le marché avait été plaidé par Messieurs.
On peut s'étonner de la faiblesse de la rémunération s'il s'agit de la construction complète d'un pont levis, matériaux compris. Une simple réparation paraît plus probable.
Il est, juste après, attribué 19 sols à divers particuliers, donc le maître du commun, qui ont ayder à levez ledict pondt.
Un article, bien que postérieur, attribue 30 sols à Pierre Vernier pour avoir ferrez "ung neufz" pondt leveulx à la porte de la halle. On n'imagine guère qu'il s'agisse d'un autre ouvrage que celui dont il avait été question.
Il est évident que les travaux sur les ponts levis (ou autres), sont monnaie courante dans les comptes anciens ; dans celui-ci, on évoque plusieurs fois des remplacements de pièces de bois (lavons, filières...), ou de métal.
Réfection de diverses constructions communales
Mentionnons simplement, afin de ne pas alourdir le texte :
- la réfection la tuilerie neuve "qui était tombée par terre" (3 articles)
- celle du pont de la grand porte (1 article)
- la réparation du grand poêle (6 articles)
- des travaux sur la boucherie (2 articles)
- sur la loge des cors (3 articles)
Quant aux "affaires", fortement présentes dans le compte CC5/1, elles se limitent ici à des litiges de droit de pâturage avec des communautés voisines (Offemont, Valdoie...).
Contrairement à l'exercice 1548-1549, celui-ci (1542-1543) ne fait pas apparaître des travaux de grande ampleur, par leur coût ou par leur durée.
On note évidemment les travaux récurrents sur les ponts, les murs, les bâtiments communaux, et surtout le système d'adduction d'eau, à savoir les cors et les fontaines, mais rien de remarquable comme dans le compte CC5/2.
Les "repas de travail" des bourgeois sont d'avantage consacrés à discuter des questions juridiques qu'à des passassions de marché avec les artisans.
Il apparaît par contre que beaucoup de temps, d'efforts et même d'argent ont été consacrés à des affaires de nature juridique. Beaucoup d'articles de compte mentionnent le seigneur engagiste, désigné seulement par la civilité "la grâce de Monsr.". Cf. les seigneurs engagistes.
On le sait, ces comptes communaux n'offrent qu'un accès indirect aux activités de la ville ; l'évocation de ces activités n'étant qu'une justification de la dépense.
Néanmoins, lorsque plusieurs actes recoupent des sujets convergents, il est possible d'avancer des hypothèses sur des questions ayant occupé le conseil des bourgeois de manière conséquente.
1) AFFAIRE(S) IMPLIQUANT LA VILLE, LE SEIGNEUR ENGAGISTE ET LA RÉGENCE
Une vingtaine d'actes impliquent ces trois acteurs, ou sont en relation avec un acte les impliquant. Tous ne sont pas très explicites, aucun ne révèle la situation de fond, et tous ne sont pas datés, ni forcément chronologiques.article_new-40.html
Courriers entre la régence d'Innsbruck et les bourgeois
Deux échanges de courrier (au moins) entre la régence d'Innsbruck et la ville apparaissent au travers de 5 dépenses, en 1542.
Au point de vue culturel, il transparaît dans ces actes que nul à Belfort n'est en mesure de traduire correctement un courrier de l'allemand au français, et vice-versa.
Un premier courrier est appelé depertement ; ce terme signifie "partage" ; nous l'interprétons au sens d'arbitrage juridique ; cette pièce est accompagnée (ou se confond) avec une autre, reçue au même moment, appelée abscheide ou scheid ; ce terme est spécifique aux diètes d'Empire ou aux assemblées des puissances d'Empire et se traduit en français par "recès" (procès-verbal). Ces courriers sont reçus durant l'été 1542 et apportés pour traduction au châtelain de St-Ursanne :
6 août 1542, paiement à Jean Haye de 4 journées à St-Ursanne par deux fois pour faire traduire le depertement d’Innsbruck par le châtelain d'ilec :
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Item ballé à Jehan Haye le dymenche devant la St Lorent, pour quatre journés qu'il est estés à Ste Ursanne per deux fois, pour faire transslatés le depertement d'Inspruck par le chastillain d'ilec, pour ce (21 s. 10 d.) |
Le terme dépertement nous permet d'identifier sans grande hésitation le document en question comme l'original d'une pièce, dont la traduction est conservée aux AMB sous la cote FF1/7, et qui fait l'objet de notre article FF1/7. |
14 août, paiement à un messager de Porrentruy qui a rapporté le double de l'abscheide au châtelain de St-Ursanne ; début septembre, paiement au châtelain de la traduction du scheid de l'allemand au vallon (8).
Un courrier plus tardif n'a peut-être pas un rapport direct avec les questions impliquant la ville et le seigneur ; tout au moins peut-on noter qu'il vient aussi de la Régence d'Innsbruck, qu'il a été transmis aux bourgeois par "la grâce de Monsr.", et est cette fois porté pour traduction (ou conseil ?) à Héricourt.
27 novembre 1542, le maître-bourgeois est à Héricourt pour rompre et ouvryr ung mandement que la graice de Monsieur avoit envoyer èsdits bourgeois venant de par Messr. du regime d'Insspruck ; 12 décembre, les bourgeois sont réunis pour baillé repponce à la graice de Monsieur touchanpt ledit mandement d'Insspruck et mesmes touchanptz des belangers (il est probable que la question des boulangers soit indépendante du mandement : Innsbruck ne s'occupe pas de questions d'intendance).
Les serments
Une dizaine d'actes sont, directement ou non, en relation avec des serments (en fait, le dépertement l'est aussi).
Avant de les exposer, mentionnons au passage un acte entrant dans ce chapitre, et impossible à lier aux uns ou aux autres : il s'agit, le 29 août, d'une supplication (supplique) écrite sous l'égide du conseil et que l'on donnit à la graice de Monsieur.
Que sont donc ces serments ? Au sens général, dans le monde féodal, il s'agit de déclarations impliquant deux institutions, et établissant un compromis juridique entre elles.
Comme le confirme le document FF1/7, il est d'usage et coutume que le seigneur prête à la ville le serment ordinaire et accoutumé (...), après quoy ceux de la ville de Belfort luy prêteront respectivement le serment (...) comme cela se pratique d'ancienneté (FF1/7).
Le cadre qui nous occupe implique un seigneur et une communauté ayant reçu des franchises 2 siècles auparavant. Avec ici la particularité que le seigneur présent ne possède pas toutes les prérogatives seigneuriales, et qu'il a lui-même établi un contrat avec la puissance suzeraine en titre.
Venons-en aux articles de compte sur ce point :
2 juillet 1542, Martin Kolb (l'une des personnalités éminentes de la ville, sans doute germanophone) s'est rendu à Fribourg auprès le doctor, lors que messieurs d'Ensisheim devaient venir ici pour voir faire les serments et ne vinrent point.
3 septembre, le même Martin Kolb est rétribué pour être allé à Ensisheim pour avertir le doctor pour venir. À l'article suivant, c'est le nommé Grand Louis qui est allé à Ensisheim pour quérir le doctor et l'y avoir reconduit.
Et, non daté, mais très probablement contemporain, l'article le plus significatif :
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Item baillé pour despens fait, le samedi, dymenche, lundi et mardi, tant par la graice de monssr., son conseilz, messr. d'Enguessey, le doctor, le conseilz et la commune, tant sur le poille que en la maison Jehan Haye lors que la graice de monssr. fitz le serment (pour ce :: 20 livres, 3 sols 4 deniers) |
Il s'agit donc du serment prêté par le baron (Jean-Jacques II) de Morimont à l'adresse de la ville ; cette passassion est certainement un événement, auquel assistent les représentants de la Régence d'Ensisheim, et le doctor dont il avait été question dans les deux articles précédents. Celui-ci est assurément un juriste, docteur ès lois, que la ville a tenu à appeler pour s'assurer que le contenu du serment est conforme à ses attentes (et aux coutumes).
Ce dernier article précède de peu un acte daté du 5 octobre. Cette passassion de serment paraît donc pouvoir être daté du début de l'automne 1542.
Or, à la fin 1542 et au début 1543, il est à nouveau question de serments ! Mais cette fois il s'agit des anciens :
Décembre 1542, Jean Haye est rétribué pour avoir porté les serments des feus seigneurs de Belfort datant de 100 ans ou plus, jusqu'à présent.
9 décembre 1542, les bourgeois sont réunis pour chercher les serrements des feuz seigneurs de Belfort, et pour faire à doubler (faire un double) accung desdits serrement pour pourter à lieu d'Enguessey. Peu après, ils rétribuent un nommé Pierre Cormies pour avoir doublé et copié plusieurs lettres pour les affaires de la ville, dont les serments de feu les précédents seigneurs de Belfort.
Cette affaire d'anciens serments ne semble pas trouver dans cette archive une conclusion satisfaisante, car, le 3 janvier 1543, les bourgeois furent tout le jour par ensemble à sercher les serement de feu les seigneurs de Belfort, chastellain, prevost (?) etc., et aultres escriptures necessaire à la ville.
Il ne sera plus question de serments dans la suite de ce compte.
Il est toutefois possible de trouver, dans d'autres sources, certaines informations concernant les relations entre la ville et le seigneur de Morimont :
La SBE (9) mentionne que Jean-Jacques II a été confronté, en temps que seigneur engagiste, à un long procès contre les bourgeois de Belfort, ayant abouti à la réduction de ses prérogatives.
Outre le FF1/7, cité plus haut, les archives municipales conservent plusieurs documents (originaux ou copies) sur ces affaires, dont ceux cotés AA2/11 et 12 ; nous les évoquons également dans notre article FF1/7 :
L'affaire n'a donc pas connu de conclusion définitive en 1542 (et la présence du doctor n'a pas apporté les garanties espérées). Un examen des sources ci-dessus permettra peut-être d'en savoir un peu plus...
Pour conclure sur la question des serments, mentionnons qu'en 1554, c'est au tour des bourgeois de prêter serment auprès de leur seigneur. Voir l'article sur le compte CC5/3.
Une alerte
Ajoutons encore, pour en terminer avec les relations conflictuelles entre la ville et son seigneur, ce curieux acte, que nous transcrivons en intégralité :
Cet acte est difficilement datable (il ne nous a pas été possible de déterminer la date de la foire de Montbéliard dont il est question), mais la chronologie du compte le placerait en mars 1543. Il n'est pas non plus facile d'en dégager la signification précise, mais il nous semble comprendre qu'une alerte a été déclenchée alors que des hommes du seigneur sont "sur les chemins".
Les autorités municipales se mobilisent sur une information fournie par accungs ("aucuns", ie. certains), et non à la demande du seigneur. Les officiers et les hommes de celui-ci paraissent donc être vus comme une menace par la ville.
Ici encore, pas de suite à cet événement. Et rien dans la documentation ne signale des troubles armés entre le château et la ville.
Cette information semble cependant bien montrer que les relations n'étaient pas au beau fixe...
2) BRUITS DE GUERRE
L'activité ici évoquée n'a pas représenté une action majeure, ni durable, des bourgeois du conseil, mais nous la citons pour sa une portée historique.
Entre août et octobre 1542, les bourgeois se servent une collation à l'occasion de la désignation de soldats appelés à combattre dans les rangs de l'armée impériale :
L'article précédent celui-ci évoquait également des préparatifs militaires : il s'agit d'une dépense lors d'un dîner lors que la commune fust ensemble pour advertir ung chacun d'avoir ces (ses) harnois.
L'article suivant signale un événement de même nature : 13 sols au valet (du poêle) pour despens fait per la commune lors que l'on fitz les monstres (montres d'armes). Cette revue d'arme est certainement l'occasion de dresser un recensement, qui ne nous est malheureusement pas parvenu (voir cet article pour une montre de 1604, et cette archive pour une montre d'armes de 1580 dans la principauté de Montbéliard ; ici en particulier pour la communauté de Beaucourt ; et encore là une montre plus ancienne - 1507 - pour la seigneurie de L'Isle-sur-le-Doubs).
Les deux derniers articles cités évoquent plutôt des mesures de défense : il s'agit de préparer les habitants à protéger la ville en cas d'attaque extérieure (un harnois est la partie de l'armure couvrant le torse).
Au contraire, le contingent désigné par la ville dans le premier cité est appelé à servir dans les rangs de l'armée en campagne. Nous sommes à une période où les puissances espèrent encore pouvoir utiliser avec une certaine efficacité des non-professionnels recrutés dans les villes ou les campagnes pour servir d'hommes de troupe. Ceux-ci sont évidemment de peu de poids face à des troupes professionnelles aguerries, régulières ou mercenaires.
La "guerre" évoquée ici correspond plutôt à des préparatifs militaires contre des menaces de l'armée du roi de France, François Ier, alors engagé contre son "meilleur ennemi" Charles Quint dans un conflit au sujet de l’investiture du duché de Milan, et dont les troupes étaient présentes et menaçantes en Comté de Bourgogne et Lorraine.
Complétons cet article de deux dépenses faites pour les messagers, possiblement en août :
Nicolas Colley est rétribué pour avoir porté les élus de la guerre à Ensisheim selon les mandements de Messrs du Régime.
L'escripveurt de la ville perçoit 8 sols pour avoir fait un double du mandement de Messrs d'Ensisheim touchant à la guerre.
3) AFFAIRES JUDICIAIRES CONCERNANT DES PARTICULIERS
Ces questions judiciaires n'ont normalement pas à apparaître dans les comptes communaux.
Si c'est le cas ici, c'est que, dans les 3 premiers cas, la ville est intervenue auprès de la Régence, contre ou en la faveur d'un particulier.
Procès contre Claude Queller
Deux articles concernent l'affaire Claude Queller :
18 juillet 1542, la ville paye 6 sols "en la chancellerie" d'Ensisheim pour un ajournement (assignation) contre Claude Queller.
6 octobre 1542, lors du dîner de messieurs, Claude Queller fut mendez assavoir cy voulloit tenir lesdites ordonnances comme un des aultres cobourgeois (s'il voulait bien respecter les ordonnances comme les autres cobourgeois).
La ville est en conflit avec ce bourgeois, qui est soutenu par le seigneur. Voir encore notre article FF1/7 pour un éclairage complet sur cette question.
Les deux cas suivants inclinent à penser que les affaires juridiques où la ville s'opposent au seigneur, dont il est largement question dans FF1/7 n'ont pas cessé après le dépertement de l'été 1542.
Emprisonnement de Servois Chesnier
Cette fois, la position de la ville vis à vis d'un de ses habitants, qui a été emprisonné dans la prison de Monsr., est moins claire :
Début 1543, Servois Chesnier a été libéré de prison de Monsr. ; il a fait un serment, et la ville fait recopier ce serment.
Dans un acte du 2 février, en principe postérieur au précédent, les bourgeois sont réunis à l'occasion d'un souper lors qui firent requesté par trois fois Servois Chesnier envers la graice de Monsr.
On ne sait alors quelle est la situation de l'intéressé. S'il a été emprisonné au château, c'est qu'il a été condamné par le seigneur (la ville possède sa propre prison, la Chastre) ; mais le second acte ne permet pas de comprendre ce que souhaite la ville.
Emprisonnement de Nicolin Botans
La ville se porte cette fois clairement en soutien d'un particulier (dont aucune trace n'a été trouvée par ailleurs)
17 février 1543 : Nicolin Botans semble emprisonné à Belfort (mais on ne sait si c'est dans la prison de la ville ou celle du château). Quelques bourgeois s'y rendent pour le veoir et oyé examiner.
20 février : le conseil est réuni (lors d'un dîner) pour bailler la response aux officiers de la graice de Monssr touchant dudit Nicolin Botans.
2 mars : l'affaire Nicolin Botans est encore à l'ordre du jour d'un dîner des bourgeois.
3 mars : 2 bourgeois se rendent à Héricourt pour conseils devers Nicolin Botans à cause de ce qu'il estoit prisonnier. La préposition "devers" signifie en principe "auprès de". Mais il faut peut-être comprendre ici "au sujet de".
Dans l'acte suivant, deux autres bourgeois se rendent à Ensisheim pour la cause dudit Nicolin.
Quelques actes plus loin, les choses sont un peu plus explicites : Jean Haye et Martin Kolb, qui sont parmi les personnalités les plus éminentes de la ville, se rendent à Ensisheim pour advertir messieurs les régents de mettre ledit Nicolin hors de prison.
Même si les torts et le sort de Nicolin nous restent inconnus, il est clair que la ville s'est bien dépensée (et a dépensé) pour le faire libérer...
Affaire Jean Boucher Besançon
Cette dernière affaire est à la fois la moins claire, et sans doute la plus dramatique.
Le seul acte apportant une certitude est celui du 18 mars 1543, portant sur une dépense de bouche au souper des bourgeois et autres de la commune, réunis lors qu'il furent devant le chastel à cause de la haulte justice tenue contre Jehan Bouchier Besançon.
Les bourgeois se restaurent, mais le dénommé Jehan Bouchier Besançon vient probablement de connaître un triste sort. Le terme "haute justice" ne prête guère à ambiguïté : il s'agit très probablement d'une exécution capitale (même si d'autres peines, moins définitives, ne sont pas exclues), sentence prononcée, et appliquée, par le seigneur haut justicier.
L'identité de ce personnage pose question : il n'apparaît tel quel dans aucun autre acte ; le patronyme Besançon, très ancien, est courant dans le secteur ; il existe par ailleurs un individu appelé Jean Boucher, à qui a été confié certaines missions, comme, fin 1542, le transport à Ensisheim d'un paiement pour l'aide du Turc (impôt impérial pour la guerre contre les turcs, dont il est question dans l'introduction).
On peut noter que ce Jean Boucher n'apparaît plus après l'acte mentionnant la haute justice.
Ayant un surnom évocateur, il n'est pas impossible que le patronyme de Jehan Bouchier Besançon est été sous-entendu dans les autres actes, et qu'il s'identifie avec ce Jean Bouchier. Auquel cas, sa faute devait être grave, pour qu'il passe du statut d'homme de confiance à celui de condamné.
Dans les crochets rouges (ex. [24]), correspondances d'individus entre les deux listes.
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1 | Claude | le maignin (chaudronnier) | ||
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2 | Conrad | |||
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3 | Étienne | (le débrosseur) | ||
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4 | Grost Vuillemin | a travaillé sur les fontaines | ||
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5 | Guillaume | (Mre) chaufournier | ||
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6 | Henriot | Offemont | ||
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7 | Henry | Mandrevillars | ||
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8 | Jacques | le blanchisseur | ||
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9 | Jean | (Mre) chaufournier [4] | ||
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10 | Jean | le retondeur | ||
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11 | Jean | Brévilliers (?) | ||
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12 | Jean | Sermamagny | boulanger | |
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13 | Jean / Johannes | le maçon [88 ?] | ||
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14 | Moingin | [89 ?] | ||
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15 | Mory | serviteur de Grenget | ||
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16 | Natoire | serviteur de Jean HAYE | ||
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17 | Nicolas | procureur de la ville de Belfort à Ensisheim | ||
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18 | Thévenin | (peut-être Thévenin LA VIELLIERE [70], cf…) messager | ||
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19 | Vuillemat / Wuillemat | banvard [peut-être Vuillemot REGNAULT, banvard en 1553-1554] | ||
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20 | ADAM | Jean | ||
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21 | AMYOT | Henry | amodiataire d’un pesquis [7] | |
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22 | BADAIRE | Hugues | (ou le BADAIRE) cordier ? | |
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23 | BAGUESSON | Adam | [10] | |
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24 | BAJO | Guyat | (ou BOIJO) tâcheron [13] | |
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25 | BAJO | Jean | [14] | |
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26 | BART | Gergen / Georg | Innsbruck | messager |
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27 | BATANS | Antoine | [23] | |
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28 | BERGIER | Jean | ||
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29 | BERGIER | Perrin | fils de #28 | |
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30 | BERNAGEOT | Laurent | [15] | |
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31 | BERNARDT | Jean | nouveau marié | |
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32 | BERNHARDT | Heinrich | Ensisheim | époux de la propriétaire d’une cense due par la ville |
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33 | BERTIN | Pierre | [16] | |
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34 | BESANÇON | Christophe | clerc de la ville l'an 1547-1548 [18] | |
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35 | BESANÇON | Jean | cité pour son curtilffz [19] |
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36 | BESSAT | Henselin | [22] | |
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37 | BICHIN | Mathis | Denney | |
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38 | BOBAY | Rougegoutte | qui portait un loup | |
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39 | BOURGEOIS | Jean | nouveau marié ; travaux de maçonnerie | |
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40 | BRIGOINDS | Simon | (ou BRIGAIDES) travaux sur les fontaines | |
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41 | CAPPIÉ | Nicolas | ||
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42 | CEVEIGNAT | Moinget | Beaufrémont (?) | |
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43 | CHAMBRIER | Pancrace | ||
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44 | CHANTEREL | Jean | ||
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45 | CHAPPUIS | Claude | Chalonvillars | |
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46 | CHAPPUIS | Nicolas | (ou LE CHAPPUIS) charpentier (chappuis) | |
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47 | CHAVANNELZ | Richard | ||
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48 | CHENIER | Servois | boulanger [29] | |
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49 | CHEVESTE ? | serviteur de #66 | ||
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50 | CHEVRY | Offemont | charretier | |
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51 | CHOFFIN | Louis ? | Offemont | charretier |
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52 | CLAUSNER | Thiebald | messager | |
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53 | CLERC | Étienne | ||
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54 | CLERC | Pierre | Dorans | |
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55 | CUENAT | Pierre | charretier | |
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56 | d'ORTEMBURG | (10) | ||
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57 | D'URSSEREY | Jacques | ||
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58 | DE BOTANS | Claude | ||
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59 | DE CHAULX | Jean Guillaume | charretier | |
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60 | DE LUXEUL | Dellat | tâcheron, terrassier | |
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61 | [de MORIMONT] | Frantz | "monsr. Frances" [37] | |
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62 | DE PERDIEU | Jean | charretier, tâcheron ; travaille souvent pour la ville [38] | |
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63 | DE SAINT GELLIN | Huguenin | charretier | |
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64 | DE SAINT VINCENT | (Monsr.) | ||
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65 | DE SAULNOT | François | tâcheron, terrassier [40] | |
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66 | DESCHAMPS | Deile | ||
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67 | DORMOIS | Perrin | charpentier ; cf. article sur les comptes de 1548-49 | |
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68 | DU CONDUICT | Jean | [45] | |
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69 | ESTIENNE | Jean | ||
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70 | FAVERNEY | Jean | tâcheron [48] | |
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71 | FAYBVRE | Pierre | travaille sur les fontaines | |
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72 | FENNING | Richard | ||
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73 | FRAYER | Nicolas | débrosseur | |
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74 | FRERIOT | Claude | boucher [52] | |
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75 | FRERIOT | Guillaume | amodiataire des « fruits » d’un fossé [53] | |
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76 | FRERIOT | Jean Guillaume | [54] | |
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77 | FRINGANS | Moingin | artisan maçon ; cf. article sur les comptes de 1548-49 | |
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78 | GIRARDAT | Peter | maçon | |
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79 | GRAND HUGUENIN | Claude | [58] | |
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80 | GRANDGIER | Girard | tâcheron, terrassier | |
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81 | GRENIER | Jean | [59] | |
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82 | GRENIER | Jean Guillaume | ||
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83 | GROSSPERRIN | Pierre | ||
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84 | GROST GIRARDT / GRANDT GIRARDT | Jean | "Bache" | artisan maçon |
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85 | GUILLAUME | Jean | Vescemont | marchand de bois [61] |
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86 | HAYE | Jean | maître bourgeois pour l'année 1548-1549 [63] | |
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87 | HEICHEMANT | Henry | nouveau marié | |
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88 | HEICHEMANT | Pierre | messager [64] | |
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89 | HENNEMANT | Jean Perrin | messager [65] | |
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90 | HESCO | Guillaume | serviteur de la ville | |
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91 | HUAT | Jean | Évette | |
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92 | JAQUET | Dambelin | fontainier | |
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93 | JEHAN RICHARD | Thiébaud | charretier | |
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94 | JOLY | Jean | Évette | fontainier [66] |
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95 | KELLER | Servois | maître du commun pour l'année 1547-1548 | |
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96 | KINDERITZ | "gubernator" des enfants de #56 | ||
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97 | KOLB | Martin | maître bourgeois pour l'an 1547-1548 [68] | |
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98 | LAMÈRE | Pierre | [69] | |
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99 | LE MARESCHAL | Nicolas | a fourni des clous | |
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100 | LHOSTE | Henry | [80] | |
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101 | LHOSTE | Jacques | nouveau marié | |
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102 | LOMBARDT | Jean | Offemont | (ou LAMBARD) charretier |
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103 | LOUVET | Guillaume | charretier [82] | |
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104 | MAIRI ? | Lepuix | marchand (ou transporteur) de bois | |
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105 | MARCIER | Jean | (messire) famille présente à Belfort depuis le XVè siècle ; Conrad MARCIER maître bourgeois en 1505 | |
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106 | MARESCHAL | Jacquot | maréchal | |
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107 | MARTIN | Jean | Vescemont | marchand (ou transporteur) de bois |
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108 | MICHELLAT | tâcheron | ||
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109 | NARDIN | Thomas | ||
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110 | NOBLAT | Antoine | escoffier, messager pour la ville [91] | |
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111 | NOBLAT | Huguenin | ||
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112 | NOIRAT | Huguenin | charretier | |
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113 | PAGEREY | Thomas | Offemont | charretier |
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114 | PAULUS | Perrin | tâcheron, terrassier | |
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115 | PELETIÉ | Jean | boulanger [95] | |
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116 | PEQUEGNAT | Pierre | maître du commun pour l'année 1548-1549 | |
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117 | PEQUEGNEY | Christophe | charretier | |
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118 | PEQUEGNEY | François | ||
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119 | PEQUEGNEY | Jean | fournier ? | |
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120 | PEQUEGNEY | Prevost | Offemont | charretier |
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121 | PETIT | Clerc | Rougegoutte | marchand (ou transporteur) de bois |
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122 | PETIT | Jean | messager, tâcheron | |
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123 | PETITJEY | Valentin | tâcheron, terrassier | |
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124 | PETREQUIN | Nicolas | charpentier, bûcheron | |
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125 | PEULLIET | Danjoutin | ||
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126 | PIESQUET | Jean | terrassier | |
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127 | PIESQUET | Jean Horry | terrassier [98] | |
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128 | PREBSTRE | Offemont | charretier | |
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129 | PREVOST | Bartholomé | ||
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130 | PREVOST | Henry | [chapelain, originaire de Montreux-Château, cf. cet acte de 1553] | |
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131 | PREVOST | Johannes | portier | |
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132 | RAIFFELIN | Horry | ||
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133 | RAPPIER | Vézelois | charretier | |
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134 | RAVET | Jean | cité pour son verger | |
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135 | REGNAULDT | Jacques | tâcheron, terrassier | |
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136 | REGNAULDT | Petit Jean | tâcheron, terrassier [109] | |
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137 | ROBERT | Amyot | maçon, chaudronnier ? [110] | |
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138 | ROSSEY | toitat | ||
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139 | ROSSEY | Nicolas | a fait l’objet d’un procès à Ensisheim, avec #155 | |
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140 | ROUGECEY ? | Évette | ||
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141 | ROULLAT | Petremand | ||
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142 | ROY | Antoine | banvard [112] | |
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143 | RUFFACH | Thiébaud | maçon | |
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144 | SELLIER | Richard | ||
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145 | SODER | Jean | Ensisheim | (ou SADER) procureur à Ensisheim |
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146 | STECKH | Leonard | (ou STERKH) nouveau bourgeois (le seul pour les 2 années) | |
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147 | STEURÉ | Henry | menuisier [121] | |
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148 | TEUNET | Jacques | ||
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149 | THIÉBAUD | Sultzbach ? | détenteur d’une cense due par la ville | |
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150 | THIERRY | Jean Henry | Évette | |
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151 | TROBAT | prêcheur de Saint-Antoine des Bois | ||
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152 | TRUCKSESS de REYCHEWILLER | ancien châtelain | ||
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153 | TURCKH | (ou LE TURCKH) charretier | ||
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154 | VALLAT | François | [124] | |
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155 | VERGIER | Jeanne | a fait l’objet d’un procès à Ensisheim, avec #139 | |
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156 | VERNIER | Pierre | serrurier [129] | |
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157 | VIRON | Jean | chaudronnier, charretier | |
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158 | VOULLANS | Huguenin | tâcheron, terrassier [132] | |
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159 | VUILLEMENAT | tâcheron | ||
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160 | VUILLEMIN | tâcheron, terrassier | ||
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161 | VUILLEQUEY | Antoine | charretier | |
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162 | VUILLEQUEY | Nicolas | artisan [130] | |
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163 | WADEROIS | Jean | Ensisheim | procureur |
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164 | WINGART | Balthazar | (ou WEINGART) [131] |
Beaucoup d'individus apparaissent comme charretiers, terrassiers, ou tâcherons. Il est probable que, pour beaucoup d'entre eux, il ne s'agisse que d'une activité complémentaire, dans les périodes où la ville recrutait beaucoup de bras pour réaliser ses nombreux travaux.
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1 | Georges | le potier d'étain | ||
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2 | Grand Louis | messager pour la ville | ||
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3 | Heinrich / Henrice | militaire ou agent de la régence ? | ||
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4 | Jean | (maître) [9] | ||
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5 | Jeanne | norrie (servante) de #107 | ||
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6 | AMEY | Jean Horry | ||
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7 | AMYAT | Henry | ancien maître du commun [21] | |
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8 | ANTHENAT | charretier | ||
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9 | BACHEY | |||
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10 | BAGUESSON | Adam | messager pour la ville [23] | |
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11 | BAGUESSON | Nicolas | ||
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12 | BAIVELLIER | Jacques | tâcheron | |
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13 | BAJOLZ | Guyat | tâcheron [24] | |
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14 | BAJOLZ | Jean | tâcheron, amodiateur des « fruits du pesquis » [25] | |
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15 | BENAIGEAY | Laurent | charretier [30] | |
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16 | BERTHIN | Pierre | [33] | |
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17 | BESA | Frahier | a fourni des essendres | |
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18 | BESANÇON | Christophe | tabellion [34] | |
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19 | BESANÇON | Jean | messager pour la ville, potentiellement identique à #20 [35] | |
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20 | BESANÇON | Jean Boucher | cf. ci-dessus | |
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21 | [BETSCHIEL ?] | Louis | chapelain de Montreux | |
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22 | BESSAT | Hanßlin | [36] | |
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23 | BOTANS | Antoine | messager pour la ville [27] | |
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24 | BOTANS | Nicolin | cf. ci-dessus | |
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25 | BOUCHER | Jean | Danjoutin | |
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26 | BOUCHIER | Jean | potentiellement identique à #20 | |
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27 | BOULLERET | Morand | prob. maître du commun | |
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28 | CHASTILLON | Claude | ||
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29 | CHESNIER | Servois | cf. ci-dessus [48] | |
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30 | CLAVÉ | Claude | ||
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31 | COLEY | Nicolas | ||
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32 | CORMIES (?) | Pierre | clerc, non belfortain | |
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33 | DE BELCHAMPZ | Jean | cloutier | |
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34 | DE CHAULX | Perrin | messager pour la ville | |
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35 | DE LANDRESSE | Vuillemin | tâcheron | |
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36 | DE LIESVANS | Pierre | famille présente à Belfort depuis le XVè siècle ; Jean Prévôt DE LIÉVANS maître bourgeois en 1514 | |
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37 | [de MORIMONT] | Frantz | cousin germain du seigneur engagiste [61] | |
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38 | DE PARDEY | Jean | tâcheron [62] | |
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39 | DE PEROUSE | Denis | ||
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40 | DE SANOT | François | ||
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41 | de SOUPPE / de SOPPE | Thiébaud | ||
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42 | DEBROISSEULX | Servois | ||
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43 | DEBROSSEUX | Nicolas | charretier, fontainier, chaudronnier, menuisier | |
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44 | DES VECTES / D’EVETTE | Jean | serrurier | |
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45 | DU CONDUZ | Jean | [68] | |
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46 | DUPIN | Jean | Éloie | |
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47 | ESTROITAT | Perrin | terrassier, banvart | |
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48 | FAVERNEY | Jean | charretier, tâcheron [70] | |
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49 | FLIEGUE | Christophe | ||
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50 | FLOCQUET | Jacques | maçon | |
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51 | FLOTATZ | Jean | ||
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52 | FRERIAT | Claude | [74] | |
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53 | FRERIAT | Guillaume | maçon, charpentier [75] | |
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54 | FRERIAT | Jean Guillaume | messager pour la ville [76] | |
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55 | GOLZ | Antoine | Fontaine | |
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56 | GOLZ | Henry | gardien des taureaux de la ville | |
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57 | GRABER | Antoine | gardien du verrat de la ville | |
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58 | GRAND HUGUENIN | Claude | tâcheron | |
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59 | GRENIER | Jean | serrurier [81] | |
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60 | GUILLAMEY | Jean | ||
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61 | GUILLAUME | Jean | Vescemont | maire, marchand de bois [85] |
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62 | HAMBERT | Jean | berger en l'an 1542 | |
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63 | HAYE | Jean | prob. membre du conseil [86] | |
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64 | HECHEMANT | Pierre | prob. membre du conseil [88] | |
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65 | HERNEMANT | Perrin | maître bourgeois [65] | |
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66 | JOLY | Jean | Évette | fontainier [94] |
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67 | JOURDAIN | Jean | ||
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68 | KOLB | Martin | prob. membre du conseil [97] | |
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69 | LA MÈRE | Pierre | [98] | |
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70 | LA VIELLIERE | Thevenin | peut-être [18] | |
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71 | LE BARBIER | Michel | caquelier | |
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72 | LE BOUCHIER | Clauda | ancien maître du commun | |
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73 | LE CHAPPUZ | Perrin | ||
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74 | LE MAIGNIN | Claude | maignin (chaudronnier) | |
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75 | LE MARESCHALX | Adam | maréchal, charretier, messager | |
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76 | LE MARESCHALX | Martin | maréchal | |
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77 | LE MARESCHALX | Pierre | ||
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78 | LE MASSON | Perrin | ||
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79 | LE MOITRESSIER | Antoine | ||
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80 | LHOSTE | Henry | [100] | |
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81 | LOMBART | Antoine | berger en l'an 1542 | |
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82 | LOUVET | Guillaume | [103] | |
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83 | LOY | Nicolas | ||
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84 | MAIGRAIS | |||
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85 | MAREIGNEY | Perrin | maçon | |
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86 | MARESCHALX | Simon | ||
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87 | MASSON | Amyat | maçon | |
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88 | MASSON | Jean | maçon [13 ?] | |
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89 | MASSON | Moingin | maçon [14 ?] | |
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90 | MONNIER | Guillaume | charpentier, menuisier | |
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91 | NOBLAT | Antoine | [91] | |
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92 | PALMIER | Servois | ||
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93 | PAULUS | Jean | ||
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94 | PELAY | Bon | ||
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95 | PELLETIER | Jean | boulanger [115] | |
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96 | PERROTZ | Vauthier | Rougegoutte | a fourni des cors de fontaine |
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97 | PIERRE | Jean | charretier | |
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98 | PIESQUET | Jean Henry | Offemont | [127] |
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99 | POTTIER | Gury | caquelier | |
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100 | POULCHON | Bernard | ||
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101 | PREMANT ? | Jean | ||
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102 | PREVOST | Richard | ||
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103 | QUELLER | Jean Guillaume | ||
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104 | QUELLER | Claude | octogénaire, d'après FF7/1 ; cf ci-dessus | |
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105 | RAINETZ | Jean | menuisier | |
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106 | RAINETZ | Jean le vieux | amodiataire des « fruits » du fossé | |
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107 | RAPPIER | Jean | (feu) ancien maître bourgeois | |
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108 | RAPPIER | Thiébaud | ||
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109 | REGNAULX | Petit Jean | [136] | |
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110 | ROBERT | Amyat | maçon [137] | |
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111 | ROSSEY | Hanßlin | ||
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112 | ROY | Antoine | portier [142] | |
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113 | ROY | Georges | ||
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114 | ROY | Jacques | ||
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115 | ROY | Vuillemin | banvart | |
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116 | RULLIN | Simon | ||
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117 | SELLIER | Jean | ||
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118 | SERRURIER | Perrin | serrurier | |
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119 | SERRURIER | Pierre | (ou LE SERRURIER) serrurier | |
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120 | SODER | Johannes | employé comme traducteur [145] | |
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121 | STEURÉ | Henry | menuisier, messager pour la ville [147] | |
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122 | SUMMERVOGEL ? | Michel | ||
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123 | VAILLON | Humbert | Lacollonge | |
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124 | VALLAT | François | [154] | |
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125 | VALLOIT | François | id. #124 ? | |
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126 | VERGIER | Jacques | ||
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127 | VERGIER | Jean Guillaume | ancien maître bourgeois | |
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128 | VERLIN | Aimé | ||
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129 | VERNIER | Pierre | artisan, serrurier [156] | |
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130 | VILLIQUE | Nicolas | artisan [162] | |
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131 | VINGARTE | Balthazar | ancien maître du commun [164] | |
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132 | VOLANT | Hugues | [158] |
Quelques considérations d'onomastique, valables pour les deux listes.
Dans ces comptes, plusieurs artisans sont désignés par un prénom suivi d'une profession.
Par exemple, en 1543, Claude le Mareschalx qui fabrique des ferrements pour les ponts de la ville ; Pierre le Serrurier qui fabrique des huisseries, fournit des paumelles, des serrures, des clés...
On peut se poser les questions suivantes :
- Ces personnages avaient-ils un patronyme, qui, à cette époque, aurait été un peu oublié au profit de leur spécialité professionnelle ? C'est envisageable, car la pratique est déjà moins courante dans les comptes ultérieurs ; on voit par exemple, dans le CC5/2, un Thévenin, messager, qui pourrait bien être le Thévenin LA VIELLIERE du CC5/1.
- Si ce n'est pas le cas, ce surnom, ici professionnel, s'est-il transmis à leurs descendants pour devenir un patronyme ?
L'hérédité des surnoms est une pratique qui s'est répandue en Europe à partir du XIIIè siècle, du haut en bas de la pyramide sociale : d'abord les nobles, puis les bourgeois, enfin le reste de la population.
Si, pour les généalogistes, la question est cruciale, il est très probable qu'à l'époque, on se posait rarement ces questions. Peut-être à la marge, lorsque, comme ici, se succédaient, pour des travaux de bâtiment, un Moingin Masson et un Perrin Marigney masson (nous avons attribué une majuscules initiale aux noms que nous avons enregistrés comme patronymes) ?
L'immuabilité des patronymes n'est pas à confondre avec l'hérédité du surnom.
Les historiens ont relevé en effet que le surnom pouvait se transmettre sur quelques générations, puis être abandonné au profit d'un autre.
C'est particulièrement le cas lorsque ce surnom conserve une signification claire ; si Pierre, fils de Jean Masson, devient serrurier, il y a des chances que le surnom hérité de son père soit abandonné.
Cette remarque vaut également pour les surnoms d'autre nature que professionnelle : origine géographique, particularité physique, etc.
Jusqu'à ce que, comme à Paris en 1421, on relève un "Jean Le Charron, poissonnier", et même, en 1455, un "Colin L'Hôtelier, dit Marquetier, revendeur" (6).
Ce qui ne signifie pas, pour autant, que les patronymes "Le Charron" et "L'Hôtelier" seront définitivement conservés par les descendants de ces personnes.
Nous voyons ici un Michel Le Barbier qui s'est occupé de la restauration d'un poêle. Exerce-t-il encore comme barbier ?
Sous une forme légèrement différente, on a rencontré un (cf. ci-dessus) Jean Boucher Besançon. Et, par ailleurs, un Jean Bouchier qui pourrait être la même personne ; Besançon étant un patronyme très courant (parfois abrégé en Bes.), il peut avoir été éludé au profit d'un surnom plus marquant, servant à distinguer la personne d'homonymes.
On se heurtera encore d'avantage à ce problème quand nous remonterons aux sources du XVè siècle. La plupart des individus n'y ayant pas de patronyme fixe, les problèmes d'identification, et, pire, de généalogie deviendront très ardus.
On peut aussi envisager son épouse Guillemette de Neufchâtel, héritière de ces comtés par son arrière-grand-père Thierry III de Montbéliard ; mais aussi leur fille Jeanne de Montbéliard, femme d'Ulrich III de Ferrette, et encore Alix, fille de la précédente et de Rodolphe-Hesso de Bade, dame de Belfort avec sa sœur Marguerite. Aussi peut-être Catherine de Bourgogne, femme de Léopold de Habsbourg (voir Les Bourguignons en Alsace)
Ils désignent tous, étymologiquement, les peuples ou les langues d'origines celtiques. Or, ici, comme de nos jours, "wallon" s'identifie au français parlé dans des secteurs voisins des régions germanophones. On voit par cela que les peuples germaniques, après les grandes invasions, ne distinguèrent pas les populations celtiques et romanes. Sans doute à cause des gallo-romains qui étaient d'origine celtique, et parlaient une langue essentiellement romane. Les germanophones ne faisaient pas de distinction entre les deux, qui leur étaient autant étrangères l'une que l'autre.
Le problème est complexe car il existe deux lignées de comtes d'Ortenburg : une, bavaroise, encore représentée de nos jours ; l'autre, en Carinthie (Autriche), éteinte depuis 1418 (lignée principale) ou 1456 (branche de Celje).
Cette seconde famille a un lien avec Belfort, bien que ténu et mal documenté : en effet, en 1581 ou 1582, la famille de Morimont, les fils de Jean-Jacques plus précisément, vendirent leur château éponyme aux comtes d'Ortenburg-Salamanca (cf. ici) ; en effet, le titre (carinthien) de comte d'Ortenburg fut accordé par Ferdinand I à son trésorier Gabriel von Salamanca en 1524 ; il est donc possible qu'il s'agisse ici des enfants de Gabriel. Son fils Ferdinand étant probablement celui qui acquit le château de Morimont.
Cet article est publié par LISA sous la seule responsabilité de son auteur.
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