Acte de naissance curieux
Par Denis Cavalotti
Archive : AD90 1e16 n1
Il est rare que l'officier d'état-civil
soit aussi partie prenante dans un acte qu'il rédige ; mais à
Bourg-ss-Châtelet, le 21.11.1793, pour Jean François Bruant,
la situation est grave ; il tient à ne laisser personne d'autre s'occuper
de l'acte de naissance de la jeune Marie Catherine...
Voici donc un acte de naissance rédigé avec beaucoup de précaution et force détails cocasses pour bien faire apparaître à qui revient la paternité de cette enfant, un peu tôt arrivée.
Aujourd’hui
premier de frimaire, de la
Deuxième année de la République française une et indivisible, ou le Vingt-unième
Novembre mil-sept-cent-quatre-vingt treize de l’Ere vulgaire aboli, environ les sept heures du soir, par devant
moi Jean françois Bruant, membre du Conseil
Général de la Commune
de Bourg, officier public élu le Douzième mars dernier, vieux style, pour
dresser les actes destinés à constater les naissances, Mariages et Décès des
Citoyens au dit Bourg, Département du haut-Rhin,
est comparuë en la salle de la maison dudit Lieu, c’est-à-dire
dans le poël de ma maison sise audit Bourg, La Citoyenne Jeanne
Claude Monnier, Veuve de feu henry monnier d’anjouttey, Domiciliée en la dite Municipalité d’anjouttey, même Département, Sage-femme nommée par les dites
Municipalités d’anjouttey et de Bourg ; Laquelle
en présence de Jeanne Claude Bruant ma fille allittée
et de la participation de cette dernière les deux assistées des Citoyens Jean
Claude Sauvageot le Vieux, de Jean pierre Vauclair, les deux officiers municipaux audit Bourg et encore
de Blaise antoine Daudey
Maître D’école et Sécrétaire greffier de la commune
dudit anjouttey, les trois témoins, requis, rencontrés
et soussignés avec moi, ont les dites sage-femme et Jeanne Claude Bruant ma
fille déclarées à moi dit Jean françois Bruant officier
public susdit, en L’absence du Citoyen Jean Claude monnier, garçon, majeur d’âge, fils du Citoyen André monnier Laboureur audit anjouttey
y demeurant ; que ladite Jeanne Claude Bruant ma fille agée
d’Environ vingt ans, non mariée, et issuë de mon
Mariage avec Suzanne heidet mon épouse, est accouchée
hier Trentième de Brumaire de la présente année, dans le poël
de ma dite Maison, et sous mes yeux, audit Bourg, à huit heures du soir d’une
enfant femelle bien portante, qu’elles m’ont présentées ensemble, et à laquelle
elles ont données le Prénom de Marie-Catherine. D’après cette Déclaration,
que les dits Citoyens officiers municipaux et témoins susdits, ont Certifié
Conforme à la
Vérité , et la Représentation qui m’a été faite de ladite Enfant
dénommée Marie-Catherine et de l’affirmation que ladite Jeanne Claude Bruant
ma fille, m’a faite, tant en leur présence qu’en leur absence, soit devant,
soit pendant, soit après les douleurs de son enfantement, et même encore tout
présentement, que la dite Enfant dont elle est à présent la mère, est issuë des œuvres dudit Jean Claude Monnier, qu’elle affectionnait
en vuë du mariage qu’il lui avait promis. J’ai Rédigé
en Vertu des pouvoirs qui me sont Délégués par la Loi , le présent Acte, que les
dits trois témoins Requis et Rencontrés ont signé avec moi, et non les déclarantes
qui étant illitérées de ce enquises, ont fait leurs
marques. Fait au lieu des séances de la Commune de Bourg les jours,
mois et an que devant.
Suivent les croix, désignées comme « marque de la sage-femme » et « marque de Jeanne Claude Bruant mère de l’enfant », les signatures des trois témoins et celle de l’officier public.
Finalement Jeanne Claude Bruant finira bien par épouser un “Jean Claude” mais POIRIER celui-là, d'Anjoutey lui aussi, le 12 novembre 1811 à Bourg, qui reconnaîtra et légitimera à cette occasion la petite Marie Catherine Bruant.
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