Dispenses matrimoniales et ... insectes ravageurs
Par LISA
dispenses

Autre article : Liens spirituels.


Qui, parmi les amateurs de généalogie, ne s'est interrogé sur les mentions de dispenses matrimoniales dans les actes paroissiaux ?

Évoquons rapidement la question concernant les dispenses pour consanguinité : sujet particulièrement irritant, surtout pour les actes anciens, car aucune précision sur la source de cette consanguinité, qui serait particulièrement précieuse pour la recherche d'ancêtre, n'est jamais fournie.
Nous ne sommes malheureusement pas en mesure de fournir des pistes sur ce point. Notons de plus que, si certains dépôts d'archives conservent des documents ("bulles") concernant les demandes de ce type, ceux-ci ne semblent pas contenir plus de détails que l'acte paroissial.

La question qui nous occupe ici est plus simple : en fonction de quoi ces dispenses étaient-elles attribuées ? Bienveillance ? Honorabilité de la famille ? Intervention du curé ?
Que nenni ! Une dispense, quand elle entre dans le cadre de celles prévues par les usages de l'église, est simplement ... achetée par les intéressés, selon des tarifs précis.

On trouve ces tarifs, selon les époques, sur diverses publications anciennes : en 1692 ; en 1693
Il est rare de trouver une transcription locale de ces tarifications. Le curé Belin de Fêche-l'Église (les extraits ci-dessus proviennent de cette même paroisse) a souhaité, en 1742 ou 1756, réparer cet oubli (45Ed GG3 p.1):

dispenses mariage

Les dispenses au troisieme degré coutent quarante livres
celles du trois ou quatre coutent vingt livres (1)
celles du quatrieme coutent quatorze livres
celles pour la cognation spirituelle quatorze livres(2)

(...)
La dispense de deux bans coute quarante sept sols
La dispense du tem... coute trente sols



Le cas omis est particulièrement ... piquant :
La permission d'exorciser les insectes coute trente sept sols.

D'après L’excommunication et l’exorcisme des animaux aux XVIIe-XVIIIe siècles, une négociation entre bêtes, fidèles et clergé par Eric Baratay les cultivateurs faisaient appel au curé pour excommunier les insectes ravageant les cultures, jusqu'au XVIIIème siècle.
On ne sait pas si cette méthode impressionnait vraiment les ravageurs ; de nos jours, l'usage des pesticides l'a en tous cas rendue obsolète. Nous laissons le lecteur se faire ses propres convictions à ce sujet.

NOTES

1 Il s'agit peut-être du cas où le plus proche ancêtre commun est aïeul de l'un des conjoints et bisaïeul de l'autre
2 La cognation spirituelle était également prohibée par les canons (cf. Liens spirituels) ; le cas le plus courant est celui où une veuve voulait épouser le parrain d'un de ses enfants.

Cet article est publié par LISA sous la seule responsabilité de son auteur.  
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